Léon Martot (1864-1922), maire de Fécamp

Publié le 6 Avril 2024

Eugène Léon Martot est surtout connu pour avoir été maire de Fécamp, en Seine-Maritime, de 1919 à sa mort en 1922. Je ne dispose pas de photographie de lui dans les archives familiales et je ne suis pas parvenu à en trouver une lors de mes recherches dans les archives et la presse.

Il a cependant une importance particulière dans l'histoire familiale, du fait de sa Légion d'Honneur, mais aussi parce que mon arrière-grand-père, Louis Levacher, lorsqu'il était conseiller municipal dans les années 60, a donné son nom à une rue d'un lotissement qu'il avait fait construire sur un de ses terrains, Côte de la Vierge.

1) La vie familiale d'Eugène Léon Martot

Eugène Léon Martot, dit "Léon Martot", est né à Néville le 10 juillet 1864, au domicile de ses parents, Bernard Martot, jardinier, et Pélagie David, fileuse.

MARTOT Léon - Acte de naissance - Archives Départementales Seine-Maritime

MARTOT Léon - Acte de naissance - Archives Départementales Seine-Maritime

Son père, Bernard Sénateur, d'abord tisserand, s'installe ensuite comme jardinier. D'un premier mariage, avec Eugénie Rose Grancher, il a 6 enfants. De son second mariage, avec Marie Pélagie David, naissent 6 autres enfants. Eugène Léon est le petit dernier de cette grande fratrie. 

Les enfants de Bernard Sénateur Martot, issus de deux mariages différents

Les enfants de Bernard Sénateur Martot, issus de deux mariages différents

De retour de son service militaire, Léon épouse Maria Rosalie Clémentine Levacher, dite "Clémentine Levacher". Elle est née à Saint-Valery-en-Caux le 11 janvier 1865, de Pierre Levacher, cordier, et de Rosalie Fontaine. Le couple aura une fille unique, Albertine, en 1893. Elle épousera en première noce l'armateur Théodore Dehilotte, avec qui elle aura une fille en 1913, Marie-Louise (décédée en 1991). Albertine épousera Antoine Rivet, en secondes noces (sans postérité).

Clémentine Levacher décède le 2 mai 1898 à Saint-Valery-en-Caux, à l'âge de seulement 33 ans. 

2) Sa carrière professionnelle

En décembre 1882, Léon Martot entre aux Postes et Télégraphes comme surnuméraire. Deux ans plus tard, il est nommé commis de 4e classe. C'est ensuite le moment du service militaire, durant lequel il participe à la Campagne au Sénégal du 1er janvier 1888 au 30 juin 1889.

 

En avril 1890, après son service, Léon est nommé receveur colonial des Postes et télégraphes à Dakar, puis commis principal en 1900. Enfin, le 29 juillet 1903, par arrêté du ministère du Commerce, de l'industrie, des Postes et télégraphes, rendu sur proposition du sous-secrétaire d’État aux Postes et télégraphes, Léon Martot est nommé sous-inspecteur pour diriger le services des postes et télégraphes du Sénégal en remplacement de M. Bourrel, retraité.

 

Le 20 janvier 1901, Léon est promu chevalier de la Légion d'Honneur, sur proposition du ministre des Colonies Albert Decrais (1838-1915), pour service rendu lors de l'épidémie de fièvre jaune au Sénégal.

 

A l'époque, l'extension de l'Empire colonial français rencontre peu d'opposition au sein de la classe dirigeante. Les fonctionnaires coloniaux jouissent d'un très grand prestige pour leurs qualités techniques et administratives. Pour exemple, le second gouverneur de l'Afrique Occidentale française (AOF), Noël Ballay, mort d'une pneumonie diabétique à Saint-Louis (Sénégal) le 27 janvier 1902, aura droit à des funérailles nationales [Lien : L'histoire des derniers instants de Noël Ballay, l'Africain...].

 

Le 18 octobre 1906, par décision d'Armand Fallières, Président de la République, Léon Martot, inspecteur des Postes et Télégraphes, chef du service au Sénégal, est nommé Officier de l'Ordre de l'Etoile Noire (ancêtre de l'Ordre national du Mérite).

 

Le 1er mai 1919, Léon Martot peut faire valoir ses droits à la retraite. Après 43 ans et 1 jour de service, il part comme Inspecteur des Postes et Télégraphes, avec une pension de 4.000 Frs., qui est majoré de 1 825 Frs., le 1er janvier 1920 (soit environ 6 500 €).

3) Son mandat de maire de Fécamp

En décembre 1919, après avoir été élu conseiller municipal, Léon Martot est choisit comme nouveau maire de Fécamp. Au travers notamment de la presse, il est possible de se faire une idée de son rôle d'édile local. Il avait une fonction de représentation, présent dans des réunions et à des évènements mondains. Il faisait aussi le lien entre les autorités de l'Etat (préfet et sous-préfet) et la population. Fécamp est une ville portuaire, qui vit principalement de la pêche. Le port est donc une priorité pour la municipalité.

a) La gestion de la ville    

Lors du conseil municipal du 18 mars 1920, plusieurs questions étaient à l'ordre du jour :

  • Avant la guerre, le transfert du collège de garçon dans la propriété Waroquet avait été envisagé. Malgré la demande du Ministre de l'instruction publique, le rapporteur de la commission des finances du Conseil municipal va devoir abandonner le projet. Le coût s'élève à 1 millions de francs et, même si l’État en prends en charge la moitié, cela reste une dépense impossible pour la Ville.
  • Le conseil propose d'inhumer les soldats morts pour la France dans le nouveau cimetière. Une commission composée de Leroux, Bernieau, Rouen et Couture est constituée à cet effet.
  • La subvention destinée à la Goutte de Lait passe de 800 frs à 1 500 frs, plus une indemnité exceptionnelle de 500 frs destinée au renouvellement du matériel.
  • Le syndicat des armateurs de la grande pêche propose un projet de taxe d'écorage dont le produit serait affecté à des travaux dans le port. Une commission composée de Galissard, Soublin et Merrienne, est constituée à cet effet.

Après l'adoption d'un avant-projet au mois de mars 1921, un décret du 21 octobre déclare les travaux du port d'utilité publique. Il s'agit du rempiètement du quai de la Vicomté et du dragage du chenal de l'avant-port. Le coût de ces travaux est évalué à 4 500 000 francs, une somme importante (environ 5 000 000 €).

b) Une fonction de représentation
Le 26 janvier 1920, visite du sous-préfet du Havre, M. Jozon, qui a été reçu à la gare par Léon Martot, qui l'a accompagné à l'Hôtel de Ville. Le sous-préfet a ensuite procédé à l'installation de la Chambre de Commerce.
 

Le 7 mars 1920, la société des anciens combattants 14-18, présidé par M. Berniau, a fait célébrer un office religieux au temple protestant de Fécamp, à la mémoire des soldats tombés au combat. La cérémonie, a été célébrée par le pasteur Lauga, de Rouen, en présence du maire, Léon Martot, du 1er adjoint, Louis Caron, du conseiller général, René Gayant, de la majeure partie des conseillers municipaux et de nombreuses personnalités locales.

 

Le 16 octobre 1920, Léon Martot va accueillir à la gare M. Bignon, sous-secrétaire d'état à la marine marchande et M. Thoumyre, sous-secrétaire au ravitaillement, accompagnés de M. Lallemand, préfet de la Seine-Maritime. Les membres du gouvernement sont reçu à la mairie, puis visitent ensuite le port et sont présent à la Chambre de Commerce, pour une séance solennelle. Le Président, Vasse, présente, dans son discours, l'état de l'industrie fécampoise, mais aussi les besoins en termes d'investissement. Un banquet, accompagné en musique par la Lyre Maritime, est organisé au casino. Le cortège se dirige ensuite vers l'exposition des produits locaux. La visite ne serait pas complète sans visiter la Goutte de Lait, fierté de la Ville de Fécamp, où les sous-secrétaires d'état rencontrent de docteur Léon Dufour. La journée continue par des remises de médailles devant le casino. Elle s'achève, à la demande des deux sous-secrétaires, par la visite de la Bénédictine. Le cortège se rendra ensuite à Yport.

 

Dans son édition du 2 novembre 1921, Le Journal de Rouen relaie une fête de mutualité, célébrée le 29 octobre en présence notamment du maire de la ville, Léon Martot. Les sociétés mutualistes apparaissent au XIXe siècle. Elles sont gérées par leurs adhérents pour se garantir un système d'assurance et de protection sociale. A Fécamp, c'est la Société de l'union des travailleurs et employés qui organise cette fête. Le programme des fêtes de mutualités est toujours le même : une messe le matin, suivie d'un banquet et d'un défilé.

 

Même si l'ombre de la Grande Guerre s'éloigne, l'actualité militaire reste présente. Ainsi, le 18 janvier 1922, la Fédération nationale des anciens combattants belges de Fécamp, donne un concert dans la salle du Trianon-Casino au profit des caisses de secours et de Mutualité française et belge. Les journaux notent la présence du maire de la ville, Léon Martot, mais aussi d'Eugène Goeverts, président de la Fédération des anciens combattants belges, et de Louis Mazoyhié, président de la Société des anciens combattants français.

 

Avec la fin de la guerre, l'actualité est régulièrement marquée par des cérémonies de remises de décorations. En février 1922, une cérémonie a ainsi eu lieu à l'hôtel de ville afin de remettre des décorations à deux anciens soldats belges, résidents depuis à Fécamp, Laurcyssen, nommé chevalier de l'ordre de Léopold II, et Lelièvre, récipiendaire de la croix de guerre avec palmes. L'association des anciens combattants, présidée par Louis Mazoyhié, était présente avec drapeaux. Le maire, Léon Martot, a prononcé un discours et un concert a été donné par la Lyre maritime.

4) Le décès

Léon Martot, encore maire de la ville, meurt le 14 mars 1922 à son domicile, au 102 Quai Guy de Maupassant. L'élection du nouveau maire par le conseil municipal aura lieu le jeudi 4 mai. C'est Léopold Soublin qui sera élu nouveau maire de Fécamp.

 

Comme maire, au-delà de son rôle politique comme président du conseil municipal, il assistait à de nombreux évènements, comme nous avons pu le voir précédemment. Issu d'une famille de petits artisans, il parvient à réaliser une carrière de fonctionnaire dans un service assez nouveau à l'époque, celui des postes et télégraphes, dont le ministère est créé en 1879. 

 

C'est une figure typique de la IIIe République. Politiquement, au vu des personnalités politiques locales, il était probablement radical-socialiste ou apparenté. Il est presque certain qu'il était aligné sur la politique menée par les gouvernements successifs.

Sources

  • Archives nationales - LH/1770/7 - dossier individuel Léon Martot
  • Archives départementales
  • Journal officiel de la République française
  • Bulletin officiel du Ministère des colonies
  • Presse ancienne

Rédigé par Simon Levacher

Publié dans #côté paternel, #histoire régionale

Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article