Deux lectures généalogiques !

Publié le 1 Août 2019

Cet article commence par un petit miracle : me voici de retour sur le blog ! Eh oui... enfin ! J'en suis le premier content. Ces derniers mois, ma reconversion professionnelle fut fort chronophage. Bien sûr, entre ma passion et me concentrer sur une formation me permettant d'avoir un travail, dans un futur plus ou moins proche, le choix n'a pas été trop difficile. Vous le comprendrez j'en suis sûr.

Aujourd'hui, avec l'été, déjà bien avancé, j'avais envie de revenir sur deux livres potentiellement utiles, soit d'un point de vue méthodologique, soit comme outil de travail.

Le premier ouvrage, c'est La mémoire des croquants. Chroniques de la France des campagnes (1435-1632) (Tallandier, 2018) de Jean-Marc Moriceau. C'est un gros volume de 606 pages écrit petit.

L'auteur est né en 1956 à Paris. C'est un très grand spécialiste français de l'histoire rurale à l'époque moderne, professeur d'université à Caen, en Normandie. Pour ma part, deux se ses livres me sont plus familiers : Terres mouvantes (Fayard, 2002) et Les Grands fermiers. Les laboureurs de l'Île-de-France (XVe-XVIIIe siècle) (Fayard, 2017). Ce dernier ouvrage est en fait la version poche d'un travail publié en 1994. Il me fut utile pour comprendre l'environnement paysan de cette région. En effet, j'ai dans mon arbre, indirectement, par cousinade, des membres de la famille Chartier, à laquelle il a même consacré son premier ouvrage en 1992. 

Dans le livre dont je parle aujourd'hui, Moriceau relève, année par année, les épidémies, les aléas climatiques, etc. C'est donc un outil de travail très utile, et qui servira autant aux généalogistes, aux amateurs d'histoire sociale ou aux étudiants. Je l'ai déjà consulté pour mes recherches généalogiques justement. Un autre intérêt, c'est le fait que l'auteur cite des témoignages d'époque et donne systématiquement la source de ses informations... Ce peut être un poème, un extrait de mémoire, une source d'archive, etc.

Les annexes également sont précieuses. Outre une intéressante bibliographie, pour qui veut approfondir le sujet, il y a une anthologie (une liste en fait) des historiens sur lesquels l'auteur s'est appuyé, un index des localités et communes (très utile pour des généalogistes justement) et même un index des personnes citées.

Pour le second livre, il s'agit d'un manuel universitaire sur Le travail sur archives. Guide pratique de Barbier et Mandret-Degeilh (Armand Colin, 2018).

Au premier abord, sans doute, cela peut paraître un peu inaccessible à l'amateur de généalogie, intimidé par le monde de la recherche. En fait, il est très bien fait. Si j'en parle, c'est qu'il prend en compte les particularités de la recherche généalogique, ce qui est un gros plus. C'est fort rare, et même inédit pour moi, de voir des universitaires qui ne méprisent pas cette passion, en la mettant à égalité avec la recherche historique. Bien sûr, les auteurs font la différence entre les types de travail sur archives. Ils évoquent ainsi le journalisme.

Ce manuel est une sorte de guide que j'aurais adoré avoir à disposition lorsque j'ai commencé la généalogie, mais aussi la recherche universitaire. S'il est parfois basique concernant le contenu, en évoquant par exemple le cadre de classement des archives, les types d'archives, etc, il sera utile aux néophytes comme aux plus expérimentés. Il permet de faire la distinction entre un usage universitaire d'une source et un usage journalistique et généalogique. Parfois, il y aura un rapprochement entre les différents usages. 

Personnellement, une limite de plusieurs généalogistes amateurs, souvent évoquée sur les fils de discussion, c'est la maîtrise des outils universitaires concernant l'Histoire. Avoir une approche académique de l'Histoire pour faire de la généalogie n'est évidemment pas une nécessité, mais cela aide tout de même grandement. Grâce à mes études dans cette discipline, ma méthodologie et ma vision du passé ont évolué. Je privilégie une forme de rigueur et d'honnêteté qui est typiquement académique, j'en ai conscience. Cela peut aussi avoir des inconvénients, comme celui de n'être pas très littéraire du coup. Je dois faire, lorsque j'écris un article, des choix et des concessions. Je préfère souvent mettre en avant le fond de mon propos et conserver un style agréable (je l'espère) mais qui n'a rien de littéraire.

La conséquence de mon propos, c'est qu'adopter un style universitaire, c'est reconnaître ses erreurs, les vides de la documentation, citer ses sources un minimum... Moi-même, dans certains articles, je ne cite pas toutes mes sources car cela alourdirait mon propos considérablement. Comme je le disais, mon but est de rester agréable à lire.

Pour vous montrer que les auteurs du manuel vont loin, je citerais un exemple de sources qu'ils conseillent aux généalogistes. Il s'agit des registres des cimetières et de ceux des hôpitaux, qui permettent de compléter une biographie d'un ancêtre éventuellement. J'ai pu par exemple trouver dans un registre d'hôpital qu'un cousin d'un aïeul avait été hospitalisé étant enfant. De même, outre les registres des cimetières, il y a les registres des convois funéraires. Par exemple, pour la ville de Lyon, ils sont en ligne sur le site des archives municipales. C'est très utile pour trouver la catégorie de prestation réglée par la famille, mais surtout le cimetière dans lequel le défunt est enterré et, éventuellement, sont transfert vers un autre cimetière. Pour une cousine de ma grand-mère (je crois) j'ai retrouvé le cimetière vers lequel le corps fut transféré. Ces registres peuvent donc donner des indications du niveau social de la famille (catégorie du convoi), mais aussi la dernière adresse connue du défunt.

Bref, ce manuel est très intéressant et fourmille de détails. Il en apprendra beaucoup, même à ceux qui pensent tout connaître et avoir fait le tour des archives disponibles. Ainsi, pour montrer l'étendue de ce manuel, les auteurs évoquent, dans la partie IV, la question des archives Internet, en citant notamment la Wayback Machine, qui permet de voir à quand remonte un site internet et à quoi il ressemblait à telle ou telle date. Faites-le donc avec un site comme Facebook ou YouTube... C'est moins utile pour un généalogiste, mais cela peut-être intéressant pour un historien. Par exemple : en dix ans, les modes graphiques sur Internet ne sont plus les mêmes qu'aujourd'hui (et heureusement parfois).

Les annexes fournissent des exemples de documents basiques en généalogie (un acte de baptême, un acte de naissance, une page de table décennale, une fiche matricule...). Il y a enfin une bibliographie et une webographie. Je conseille vivement ce manuel aux débutants, mais aussi aux plus expérimentés, qui y trouveront sans doute des détails, une source d'archive à laquelle ils n'avaient pas pensé...     

Rédigé par Simon Levacher

Publié dans #méthodologie

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S
Très bel article, très intéressant. Je reviendrai me poser chez vous. N'hésitez pas à visiter mon univers (lien sur pseudo). A bientôt.
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