Généalogie et histoire locale. L'exemple fécampois.

Publié le 20 Juillet 2016

Le bassin Bérigny à Fécamp, carte postale panoramique Louis Jourdain, vers 1900. © D.R. [*]

 

 

Si l'histoire locale, régionale, ou régionaliste, a mauvaise presse dans le monde universitaire c'est pour de bonnes et de moins bonnes raisons. Tout d'abord, ce type d'histoire est souvent orientée politiquement. Les prétentions régionalistes sont apparentées à la droite, voir à l'extrême-droite. Ensuite, certains érudits locaux sont fâcheusement subjectifs dans leur façon d'aborder l'histoire et ses méthodes (absence des sources, non consultation des archives, exagérations, mise en avant de mythes, etc.). Enfin, ces érudits locaux s'attachent souvent aux hauts faits des villes et villages de France, notamment aux grands hommes et au patrimoine. Mais ces mauvais côtés peuvent devenir des atouts. Premièrement, faite à l'université ou par des personnes soucieuses de neutralité, il est possible d'écrire une histoire régionale la plus apolitique possible. Deuxièmement, une histoire régionale qui utilise les archives et les mêmes sources que les historiens professionnels est souvent de très bonne facture. Pour finir, ce sont souvent des érudits locaux, mêmes orientés, qui se mobilisent aux fins de sauvegarder le patrimoine historique face à des municipalités qui ne comprennent pas toujours l'utilité de préserver des vieilles pierres.

Pour illustrer mon propos, je vais utiliser l'exemple de la ville de Fécamp, en Seine-Maritime. C'est celui que je connais le mieux. J'ai réalisé un master 1 sur ce petit port de pêche, en englobant les XVIIIe et XIXe siècles. Ce choix d'une histoire locale n'est absolument pas politique. En effet, j'ai passé mon enfance dans cette cité et une partie de ma famille en est originaire. Faire des recherches dans les archives avaient d'abord pour moi un but personnel : contextualiser l'histoire de ce port dans une perspective pouvant m'être utile dans mes recherches généalogiques. Il s'agissait aussi de combler une sorte de vide historiographique sur Fécamp. Les travaux universitaires sur la ville au XVIIIe siècle sont très lacunaires, ainsi que sur des épisodes du XIXe. La principale revue locale, arrêtée depuis 2014 faute de financements, sont les Annales du patrimoine de FécampIl y a en tout 21 numéros. J'ai eu la chance de pouvoir publier un modeste article dans le numéro 20. Il s'intitule "La Garde nationale fécampoise (1790-1848)", reprenant une partie de  mon master 1. Par ailleurs, d'un point de vue généalogique, grâce à ces recherches j'ai retrouvé, par hasard, la trace d'un de mes ancêtres fécampois au sein de cette force de maintien de l'ordre.

 

Mon propos a pour objectif deux choses :

  1. souligner l'importance des recherches annexes en archives pour faire évoluer notre histoire familiale (une évidence aujourd'hui en généalogie). Bien sûr, une telle enquête demande un temps très important, une disponibilité maximale et ne peut se faire sérieusement sans des bases méthodologiques en histoire. Habitant Fécamp à l'époque, il m'était très facile de me rendre aux archives municipales. 
  2. souligner la chance qu'une ville a de posséder une revue d'histoire locale. Le fait qu'elle cesse de paraître est une très mauvaise chose à mon sens. Malheureusement, comme pour les Annales du patrimoine de Fécamp, une revue locale attire peu de lecteurs. Perçue parfois négativement (des vieux qui radotent sur un passé nostalgique, etc.), une telle revue est souvent inconnue des généalogistes amateurs lambda, c'est-à-dire, sans critiques de ma part, qui ne s'occupent que de remonter dans le temps et de collectionner les ancêtres (un préalable par lequel je suis aussi passé). 

 

En bref, pour résumer : 1) la consultation des archives locales ou régionales est précieuse dans une recherche généalogique et apporte souvent des surprises si elle ne se limite pas aux catégories les plus connues (recensement, matricule militaire, archives notariales; etc.) ; 2) la possibilité d'avoir à disposition une revue d'histoire locale érudite et sérieuse n'est pas négligeable du tout. La cerise sur le gâteau est de pouvoir y publier. Pour un historien ou un généalogiste en herbe c'est toujours une expérience enrichissante. 

Rédigé par Simon Levacher

Publié dans #histoire régionale

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